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Finalement éliminée de l’US Open le 29 août, la Japonaise Naomi Osaka a créé la surprise deux jours plus tôt en jouant vêtue d’un ensemble signé de la créatrice Yoon Ahn. Tutu fluo, nœuds petits et gros, la tenue kawaii s’inspire des lolitas stylées du quartier tokyoïte de Harajuku et des héroïnes de manga. Au New York Times, la joueuse explique avoir voulu un « super costume » capable d’« intimider l’adversaire ». Numéro une mondiale en 2019 avant de chuter au classement WTA, elle s’était alors largement exprimée sur le sujet tabou de la dépression chez les athlètes. Un congé maternité plus tard, la championne entend remonter les quatre-vingt-sept places qui la séparent du sommet et dit croire en la « magie de la mode » pour l’aider.
Coup de tonnerre à Roland-Garros quand Serena Williams foule la terre battue en combinaison noire ultra-moulante ceinturée de rouge. Conçu par son équipementier Nike, le vêtement fait référence au blockbuster Black Panther, sorti quelques mois plus tôt. Il prévient surtout les caillots sanguins auxquels la star est sujette depuis son récent accouchement. Las, Bernard Giudicelli, alors président de la Fédération française de tennis, juge la combinaison « irrespectueuse », tandis que Guy Forget, directeur du tournoi, suggère à la joueuse américaine de porter « une jupe par-dessus ». Interdite lors des tournois suivants, la tenue devient le symbole du contrôle du corps des femmes par les hommes sur tous les terrains.
A Wimbledon cette année-là, l’Américaine Gertrude Moran, dite « Gorgeous Gussie », porte une jupe plus courte que ses consœurs. Surtout, celle-ci dévoile une culotte en dentelle blanche à chaque mouvement de la championne… Conçue par l’ancien tennisman et créateur de mode britannique Ted Tinling, la tenue vaut à la joueuse une sanction des organisateurs qui l’accusent d’inviter « la vulgarité et le péché » sur le court. La presse s’empare de l’affaire, faisant de Gertrude Moran le symbole malgré elle de l’émancipation féminine en marche. Un scandale qui n’arrêta pas le provocateur Ted Tinling, styliste attitré de très nombreuses joueuses jusque dans les années 1980 et capable de les hisser en couverture des magazines même en cas de piètre performance.
Si, dans les années 1930, la jupe courte gagne du terrain, il faut attendre Eileen Bennett pour que les vêtements de sport féminin se mettent au service de la performance plutôt que des conventions étriquées. Lors du tournoi de Frinton-on-Sea, puis, un an plus tard, à Wimbledon, la Britannique s’affiche pour la première fois en combishort, et au-dessus du genou s’il vous plaît. A la presse, elle déclare : « Les shorts permettent une plus grande liberté de mouvement et devraient donc être adoptés universellement. » Critiques du public, interdiction de sa tenue dans certains tournois, qu’importe pour Eileen Bennett, qui gagne six tournois du Grand Chelem en double au cours de sa carrière et impose au passage sa mise signature.
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